« Rabbi, serait-ce moi ? »
Giotto, Le Baiser de Judas, 1306, Chapelle des Scrovegni, Padoue
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui remirent trente pièces d’argent. Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer. Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus : « Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs pour manger la Pâque ? » Il leur dit : « Allez à la ville, chez untel, et dites-lui : “Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.” » Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque. Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas, il déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. » Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, chacun son tour : « Serait-ce moi, Seigneur ? » Prenant la parole, il dit : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! » (Mt 26, 14-25)
Seul l’amour
Ceux qui versèrent le sang du Christ ont inconsciemment servi l’économie du salut. Le salut du monde, qui s’ensuivit, ne tint pas à leur puissance, ni à leur volonté, ni à leur intention, ni à leur acte, mais vint de la puissance, de la volonté, de l’intention, de l’acte de Dieu. Dans cette effusion de sang, en effet, la haine des persécuteurs n’était pas seule à l’œuvre, mais aussi l’amour du Sauveur. La haine fit son œuvre de haine, l’amour fit son œuvre d’amour. Ce n’est pas la haine, mais l’amour qui opéra le salut. La haine cependant versa le sang du Christ, et se déversa elle-même, pour que fussent révélées les pensées d’un grand nombre de cœurs (Lc 2, 35) ; l’amour, lui aussi, répandit le sang du Christ, et se répandit lui-même, pour que l’homme sût combien Dieu l’aimait : au point de ne pas épargner son propre Fils (Rm 8, 32). Judas ou les Juifs livrèrent le Christ à la mort, et cela par méchante haine ; le Père livra son Fils, le Fils se livra lui-même, et cela par amour. L’amour n’est cependant pas coupable de trahison ; il est innocent, même quand le Christ en meurt. Car seul, l’amour peut faire impunément ce qui lui plaît. Seul, l’amour peut contraindre Dieu et en quelque sorte lui commander. C’est lui qui l’a fait descendre du ciel et l’a mis en croix, lui qui a répandu le sang du Christ pour la rémission des péchés, en un acte aussi innocent que salutaire. Bx Baudouin de Ford
Le bienheureux Baudouin de Ford († 1190), moine et abbé cistercien, puis archevêque de Cantorbéry, mourut à Tyr, lors de la troisième croisade où il accompagnait Richard Coeur de Lion.
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6