Sainte Jeanne Jugan Sœur Marie de la Croix - Chapitre 4

En février 1849, Jeanne arrive à Tours. Elle n’a pas fondé cette maison mais on a besoin d’elle pour obtenir les autorisations officielles qui faisaient défaut. Elle entreprend les démarches nécessaires et profite de ce déplacement upée à d’humbles tâches comme de diriger le travail manuel des postulantes.  Elle ne revendique rien, s’efface totalement. Elle va vivre encore vingt-sept ans dans le silence, d’abord à Rennes puis, quatre ans plus tard, à 35 km de là, dans le vaste domaine où la Maison-Mère est finalement transférée, à la Tour Saint Joseph en Saint Pern. Elle est Sœur Marie de la Croix, Jeanne Jugan est oubliée, et nulle ne reconnaît en elle la Fondatrice de l’Ordre. Elle se promène, appuyée sur son bâton, parcourt les champs et les bois, émerveillée par la nature et louant Dieu. Elle conseille les religieuses, non sans humour car elle est très gaie, illuminée par une joie intérieure qui se traduit dans la douceur de son sourire. Par exemple, elle ne veut pas que des dévotions trop longues impatientent leurs pensionnaires. Elle dit aux Sœurs : « Vous lasserez vos vieillards. Ils s’ennuieront et s’en iront fumer, même pendant le chapelet. »

pour rendre visite à l’évêque, au préfet et à des donateurs importants. L’œuvre ainsi consolidée et bien enracinée dans la population, elle peut repartir. A Saint-Servan, la Maison-Mère, décidément trop petite, ne peut plus accueillir les postulantes qui affluent. Aussi l’Abbé Le Pailleur, qui ne s’entend pas avec l’évêque de Rennes, profite-t-il du développement de Tours pour y transporter le Siège de l’œuvre.

Mais Jeanne est déjà à Angers qu’elle fonde en 1849. Elle sera aidée par le Vicaire Général de Rennes qui lui trouve une maison en avril 1850. Il ne reste plus qu’à demander les autorisations et à faire la quête.

C’est à Angers que se situe le célèbre épisode du beurre. Lors d’un séjour, elle constate que les vieillards mangent leur pain sec. Elle s’écrie : « C’est le pays du beurre ici. Pourquoi n’en demandez-vous pas à Saint Joseph ? » Elle allume une veilleuse dans la chapelle devant la statue du Saint et appose là une pancarte : « Bon Saint Joseph, envoyez-nous du beurre pour nos vieillards ! » Les visiteurs s’amusent de tant de candeur mais Saint Joseph obtempère. Quelques jours plus tard, la Sainte reçoit une énorme quantité de beurre d’un donateur anonyme. Tous les pots sont remplis.

Pour égayer ses vieillards, elle aimerait un peu de musique. Des militaires sont en garnison à Angers. Elle va trouver le Colonel et lui demande de lui envoyer quelques musiciens pour le plaisir de ses pensionnaires. Le Colonel s’exécute de bonne grâce et la fanfare vient distraire les vieillards de leur ennui.

A partir de 1850, les fondations se succèdent dans toute la France, Nantes, Besançon, Lorient, Brest, jusqu’à Londres où l’arrivée des Sœurs est facilitée par Charles Dickens. En effet, de passage à Paris, il avait visité l’asile de vieillards et avait été très impressionné par la qualité des soins, la propreté, la tendresse dont les pensionnaires étaient entourés. Son témoignage a beaucoup aidé l’implantation des Sœurs en Grande-Bretagne.

 

En 1852, la vie de Jeanne change de façon radicale. L’Abbé Le Pailleur lui enjoint de se retirer à Rennes. Elle ne doit plus avoir de relations suivies avec les bienfaiteurs ni exercer de responsabilités dans la Congrégation. Elle doit vivre cachée, occ

A 80 ans, elle est toujours alerte et a fière allure quand elle marche d’un pas ferme, à l’aide du solide bâton qui ne la quitte pas. Sauf une fois… Ce jour-là, elle voit entrer à la chapelle une mère de famille avec deux enfants, un à ses côtés, l’autre porté dans ses bras car il ne peut pas marcher. Jeanne prend l’enfant, le pose à terre : « Mon petit, tu pèses lourd ! ». Elle lui met son bâton dans les mains et il se met à marcher tout seul.

 

L’enfant se met à marcher tout seul

Elle doit bientôt délaisser sa chambre pour s’installer à l’infirmerie. Mais, avant de quitter ce monde, elle connaît, en novembre 1878, une grande joie. Le pape Léon XIII approuve les Constitutions de son Œuvre, confirmant ainsi, de façon définitive, l’approbation de la Congrégation faite par le pape Pie IX en 1854 « ad experimentum ».

En août 1879, elle est prise d’un malaise et reçoit les derniers Sacrements. Elle prie, invoque le Père Eternel et la Vierge Marie à qui elle a toujours voué un culte. Elle avait coutume de dire : « Par l’Ave Maria, nous irons au paradis ». Cette fois, le paradis est tout proche « Ô Marie, ma bonne mère, dit-elle, venez à moi. Vous savez que je vous aime et que j’ai bien envie de vous voir. »

Au moment de sa mort, son visage exprime une grande paix. Lors de ses obsèques, aucune des Sœurs présentes ne sait qu’elle assiste à l’enterrement de la Fondatrice.

Il faudra attendre 1894 pour que la Supérieure de l’Ordre qui a succédé à Marie Jamet entreprenne d’écrire l’histoire de la Congrégation. Jeanne sera alors vite reconnue comme la première petite Sœur et Fondatrice. Dès la publication de son histoire qui paraît en 1902, les témoignages affluent. Et bientôt des guérisons sont obtenues, à la fin de la récitation de la neuvaine à Sainte-Marie de la Croix (cf. ci-dessous).

Quant à l’Abbé Le Pailleur qui avait tant redouté que Jeanne lui fasse de l’ombre, il continue, après la mort de la Sainte, à exercer une autorité absolue, se faisant donner des marques de respect excessives. Tant et si bien qu’on s’inquiète en haut lieu. Une enquête est conduite sur décision du Saint-Siège. En 1890, il est destitué et part finir ses jours dans un couvent à Rome. Marie Jamet, l’une des premières compagnes de Jeanne, nommée à sa place Mère Supérieure, avait été soumise à l’Abbé pendant quarante ans. Elle avait cru bien faire, mais s’était trouvée déchirée entre son devoir d’obéissance et le respect de la vérité. Sur le tard, elle dira « Ce n’est pas moi. C’est Jeanne Jugan la Première et la Fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres. »

Pour sa part, Jeanne était restée lucide sur les agissements de l’Abbé. Elle lui avait dit : « Vous m’avez volé mon œuvre. Mais je vous la cède bien volontiers. » Sa foi était plus haute que toutes les manœuvres dont elle avait été l’objet.

Jeanne Jugan a été béatifiée le 3 octobre 1982 par Jean-Paul II et canonisée par Benoît XVI le 11 octobre 2009.

Avant de quitter Sainte Marie de la Croix, voici le texte de la neuvaine que chacun de nous peut lui adresser.

Neuvaine à Jeanne Jugan, Sainte Marie de la Croix

9 jours de suite

Jésus, toi qui as tressailli de joie et béni ton Père d’avoir révélé aux tout-petits les mystères du Royaume des Cieux, nous te remercions des grâces accordées à ton humble servante, Sainte Marie de la Croix, à qui nous confions nos demandes et nos besoins.

Père des pauvres, Toi qui n’as jamais repoussé la prière des petits, entends, nous t’en supplions, l’appel qu’elle t’adresse pour nous.

Nous te le demandons, Jésus, par Marie, ta Mère et la nôtre, Toi qui règnes avec le Père et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.  Amen !

 

L’immense respect montré hier vis-à-vis des personnes âgées fait désormais place à une mentalité bien différente. Aujourd’hui, l’homme se doit d’être productif et la vieillesse apparaît inutile. Au point que l’euthanasie peut sembler une réponse appropriée à la maladie et au grand âge.

Jeanne, qui a aimé et servi, toute sa vie, les soi-disant inutiles apporte des solutions tout autres. L’amour et la tendresse créent le lien. L’écoute de l’autre révèle la richesse de son expérience et permet de bénéficier de ses conseils. Elle met en lumière une sagesse acquise par les aînés à travers les épreuves de leur vie dont les plus jeunes auraient tort de se détourner. Le regard bienveillant de la Sainte nous raconte tout cela et nous enjoint à rechercher la part d’humanité dans chacun de nos aînés, plus particulièrement les plus humbles. Avec l’aide de la Vierge Marie.

Prions avec Marie en cliquant sur le bouton "je prie".

Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

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3 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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