L'application à Dieu de la mémoire

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Image: Ottaviano Nelli (1375-1444/50), S. Agostino è battezzato da S. Ambrogio, église S. Augustin, Gubbio.

La mémoire se souvient de ses propres oublis.

Pour montrer que Dieu peut être visé par la mémoire, ou trouvé au sein de celle-ci, S. Augustin procède par étapes, qu'il nous faut retracer. Nous commençons donc à répondre aujourd'hui à cette question, et nous terminerons dimanche prochain.

La première de ces étapes s'intéresse à la question de l'oubli, qui est présenté sous la forme d'un paradoxe. En effet, S. Augustin affirme au chapitre 16 du livre X des Confessions :

« Je suis très assuré que je me souviens de mon oubli, quoique ce soit lui qui efface les images des choses dont nous nous ressouvenons ».

S. Augustin prend l'exemple de ces situations pénibles et embarrassantes, où nous n'arrivons pas à nous souvenir du nom d'une personne jusqu'à ce qu'un tiers nous aide. Or dès que le nom de la personne en question est prononcé, nous nous en souvenons, et cela nous semble évident :« Mais oui, bien sûr, il s'appelle Untel ! ».

Nous pouvons donc nous souvenir d'avoir oublié ce qui est enfoui au fond de notre mémoire, et qui peut être remonté à sa surface consciente. Il en va de même pour les objets que nous perdons, et que nous sommes capables d'identifier dès lors que nous les retrouvons, comme la drachme que la femme de l'Évangile avait perdue (Lc 15, 8-10), note S. Augustin.

« Lorsque je me souviens de l'oubli, et l'oubli et la mémoire se présentent aussitôt à moi : la mémoire qui fait que je me souviens, et l'oubli qui fait que je ne me souviens pas de quelque chose ».

Ce que dit S. Augustin, c'est que l'oubli, paradoxalement, fait partie de la mémoire, dans laquelle il est cependant enfoui profondément. Un effort est donc réclamé de notre part, pour qu'il « remonte » à la surface.

Allons plus loin : si S. Augustin s'extasie devant la mémoire, il estime néanmoins qu'elle ne suffit pas, en tant que telle, à toucher Dieu. Il déclare ainsi :

« Si je vous trouve, mon Dieu, hors de ma mémoire, il faut donc que je vous aie oublié. (…) Mais lorsque la mémoire même perd quelque chose, comme il arrive quand nous l'oublions et que nous le cherchons pour nous en ressouvenir, où le cherchons-nous, sinon dans notre mémoire ? ».

L'idée de S. Augustin, c'est donc que la mémoire se souvient aussi de ses oublis :

« Ainsi nous ne pouvons pas dire avoir du tout oublié ce que nous nous souvenons d'avoir oublié ; et nous ne pourrions pas chercher ce que nous aurions perdu, si nous l'avions entièrement oublié ».

La question de la présence de Dieu dans la mémoire n'a cependant toujours pas été résolue à ce stade, même si nous pouvons pressentir que, d'une certaine manière, l'âme devra se souvenir de Dieu pour le trouver. Comment le pourra-t-elle ? C'est ce que nous verrons dimanche prochain...

Prière de la communauté

Oraison de S. Augustin

Renouvelle, Seigneur, en ton Église, l'esprit dont tu animas l'évêque saint Augustin ; qu'il nous remplisse pour nous donner soif de toi, source de la vraie sagesse ; pour nous donner de te chercher, toi, l'auteur du plus haut amour. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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