Saint Colomban - Chapitre 4

A Bregenz, les moines connaissent deux ans de répit. Colomban en profite pour s’isoler en montagne, la pratique érémitique lui étant indispensable. Mais bientôt les nouvelles qui parviennent au monastère ne sont pas bonnes. Brunehilde ayant pris fait et cause pour Thierry II, elle est, après l’assassinat de Thibert II, au faîte de sa puissance et libre de poursuivre les moines de sa haine.

Le petit groupe a vieilli. Colomban, à soixante-et-onze ans, reprend cependant la route. Gall, l’un de ses compagnons, fonde, en 613, près du lac de Constance, le monastère qui portera son nom. Colomban, pour sa part, passe le col du Septimer et redescend en Lombardie vers le lac de Côme et la plaine du Pô. Ce périple a lieu au moment le roi de Lombardie, Agilulf, envahit le reste du pays. Agilulf est un adepte de l’arianisme tandis que son épouse, la reine Théodoline est catholique. La reine va obtenir la conversion de son mari. Dès lors tous deux proposent à Colomban une terre à Bobbio, dans le nord-ouest du pays. Colomban est séduit par le caractère retiré de l’endroit, propice à la solitude pour les moines et pour lui-même. Dans cette région, la population est acquise à l’arianisme et les moines ont notamment pour mission de propager la foi officielle. A partir du monastère qu’ils construisent, ils vont enseigner et évangéliser autour d’eux.

 

Colomban ne le sait pas encore mais il peut retourner en toute tranquillité en France. Thierry II est mort de dysenterie à Metz. Les Austrasiens se sont révoltés contre Brunehilde et l’ont livrée à Clotaire II qui l’a fait juger pour tous ses crimes. Elle a été torturée et est morte, attachée à la queue d’un cheval. Clotaire II réunit enfin tous les royaumes francs qu’il va gouverner avec sagesse. Il se rappelle son amitié pour Colomban en exil. Aussi va-t-il envoyer à Bobbio le nouvel abbé de Luxeuil, Eustaise, pour rappeler le moine en France.

Mais Colomban sent ses forces décliner. Il décide de rester à Bobbio où la communauté a pris son rythme. Le centre monastique s’étend bientôt sur six kilomètres environ autour du monastère et les moines se sont vu attribuer le profit de la moitié des salines. Le monastère qui va devenir le haut lieu de la réaction à l’arianisme voit sa survie assurée. Quant à Colomban, il se retire bientôt dans un ermitage sur les hauteurs de Coli, proche de Bobbio. Il a usé ses forces pour le Seigneur et, dans cette solitude où il aime à côtoyer Dieu, Il va Le rejoindre dans son Ciel, le 21 novembre 615.

Saint Colomban, entouré de Saint Gall et de Saint Magne (ou Magnoaldus)

Un historien, Olivier Loyer (Les chrétientés celtiques), a dit de Colomban qu’il avait donné l’impulsion décisive pour « secouer cette terre mérovingienne de sa torpeur religieuse, lui révéler sa turpitude, lui apprendre les voies de la perfection monastique. Il fallait ce levain. »

A la charnière des VI et VIIe siècles, Colomban apparaît comme le précurseur d’une multitude de missionnaires irlandais qui vont christianiser les campagnes et donner à l’occident un nombre de saints impressionnant : 115 en Allemagne, 45 en France, 36 en Belgique, 13 en Italie.

Par la suite, l’influence des moines irlandais va décroître. Ils reculent sur des points litigieux comme celui de la date de Pâques. Surtout la règle de Saint Benoît, beaucoup moins dure que celle de Saint Colomban, va gagner l’ensemble des monastères.

Mais n’oublions jamais que nous devons à ce saint la conversion de notre pays. Après son décès, l’implantation des monastères, la lutte contre l’arianisme, l’évangélisation des campagnes, entreprises pendant les heures sombres de l’histoire, ne seront plus contrariées par les événements politiques. Après tant de guerres fratricides, la France de Clotaire II est enfin apaisée. Les nouvelles fondations peuvent éclore, prendre leur essor… et Saint Colomban reposer en paix.

Les monastères qu’il a fondés lui survivront longtemps. Luxeuil en restera le plus beau fleuron et son école rayonnera de toute son autorité morale. Conon, Abbé de Lérins, vint y préparer la réforme de son monastère. Ainsi de Saint Wandrille, Abbé de Fontenelle et de Saint Philibert, Abbé de Jumièges. L’abbaye de Baume, également créée par le saint dans le Jura fournira plus tard les moines qui iront fonder l’abbaye de Cluny. Son compagnon Saint Gall, depuis le monastère qui porte son nom, près du lac de Constance, évangélisa Alamans et Suisses. Cette abbaye qui sera plus tard reprise par les bénédictins, comptera parmi les monastères les plus importants d’Europe.

Enfin Bobbio, réputé comme l’un des hauts lieux de la lutte contre l’arianisme, va prendre un essor considérable. Au Moyen-Age, sa somptueuse bibliothèque de manuscrits était célèbre (Umberto Eco s’en serait inspiré pour écrire Le Roman de la Rose).

Saint Colomban nous a laissé quelques écrits, des instructions ou sermons, quelques lettres et poèmes, la règle des moines (guide spirituel) et la règle conventuelle (code disciplinaire). Il nous donne surtout son exemple à méditer, celui d’un homme audacieux, un fou de Dieu, qui a consacré tout son être et toutes ses forces au service de son Seigneur. Certains, considérant ce marcheur infatigable, unifiant les pays où il passait par son message universel de la Bonne Nouvelle, le reconnaissent aujourd’hui comme l’un des Pères de l’Europe.

 

« Il fallait ce levain » a dit Olivier Loyer. Pour faire lever la pâte, pour porter inlassablement la Bonne Nouvelle au plus grand nombre. A travers tant de siècles, Saint Colomban nous fait aller de l’avant. Il nous incite aussi à prier toujours davantage.

« Ne soyez pas les hommes d’un moment dit-il. La patience est nécessaire pour tenir et la valeur ainsi éprouvée de notre foi sera plus précieuse que l’or. Dans ce combat pour le Royaume, prenez les armes de la prière. »

Avant de quitter Saint Colomban, regardons aussi en lui, l’ermite, l’homme de silence. Il a su privilégier de longues périodes de solitude dans le recueillement et l’intimité de tous les instants avec son Dieu. A son exemple, apprenons, nous aussi, à nous ménager des moments de silence, loin des bruits du monde, pour mieux nous saisir, comme nous le dit le saint, des armes de la prière.

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Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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