Aspazia Otel Petrescu_1

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Bonjour a tous,

Commencons aujourd'hui a parler d'une ecrivaine qui a fait 14 ans dans les prisons communistes, Aspazia Otel Petrescu. Elle est originaire de la Bucovine du Nord, une region de la Roumanie qui a beaucoup souffert sous l'occupation de l'Empire des Habsbourg au XVIIIe siecle et de la Russie au XXe siecle, etant maintenant annexee a l'Ukraine.

Des ses annees d'etudes litteraires, elle s'est fait remarquee par son professeur Lucian Blaga, grand poete, philosophe et dramaturge roumain, candidat au prix Nobel de litterature dans les annees cinquante, lui aussi surveille de pres par les autorites communistes (https://fr.wikipedia.org/wiki/Lucian_Blaga).

L'histoire qu'elle nous raconte serait un fait normal dans des temps normaux, mais elle a ete jugee "subversive" par le regime et punie tres severement.

Les detenues dont Aspazia avaient decide de coudre une robe pour la fille d'une policiere hongroise catholique qui voulait baptise son enfant en secret. Le fait decouvert, les detenues ont etes isolees les unes des autres et Aspazia jetee dans une cave aux rats.

"J'ai ete amenee directement dans la cellule isolee numero trois. Il y avait quatre chambres de ce type a Miercurea-Ciuc. [...] La m'attendait "Hitler". Hitler etait l'un des fonctionnaires anciens de la prison. [...] C'etait un policier tres age, mais tres mechant. Nous l'avons appele Hitler non parce qu'il etait mechant, mais parce qu'il ressemblait tres bien a Hitler [...] On nous avait apporte des menottes nouvelles dites, je ne sais pas pourquoi, americaines. [...] Pour nous, les femmes, c'etait une vraie catastrophe - avant, nous avions des menottes d'hommes qui etaient fixes, et nous, qui avaient les poignets plus petits, nous en sortions les mains et ne les en remettions qu'au moment de la venue de quelqu'un. Ce truc etait connu par la police. Et alors, ils nous ont apporte des menottes americaines. Et il me les a mises selons sa methode, en mettant mes mains derriere le dos. [...] Et j'ai senti alors comme ces fers entraient dans ma chair avec une douleur terrible. [...] Quand il m'a vu defiguree par la douleur, il s'est arrete, mais n'a pas mis le frein; cela voulait dire quoi ? Qu'a chaque mouvement, elles se serraient davantage et s'enfoncaient dans la chair jusqu'a l'os. [...] Si les mains n'etaient pas vascularisees pendant plusieures heures, elles etaient perdues. [...]

Et ils m'ont pousse a l'interieur, derriere la porte mysterieuse du fond de la cellule 3. [...] C'etait une platforme en bois au niveau du sol. De cette platforme descendait l'ecalier, la cave etait vide, les murs semblaient noirs, peut-etre moisis [...] Et en regardant en bas, j'ai vu des poignees de pailles [...] et je me suis dit : "C'est mesquin jusqu'a la moelle des os." [...] Quand j'ai regarde plus attentivement, les poignees bougeaient. Bougeaient, se promenaient. Et elles etaient rapides comme l'eclair, des rats qui fourmillaient et a droite et a gauche et que je voyais comme des taches de noir mouvantes. [...] C'est alors que je me suis dit : "Je me jette par desespoir la tete dans le vide et je finis avec tout le probleme." [...] Mais d'une altitude d'environ  trois metres, tu n'as pas la certitude de mourir [...] Et alors c'est pire, car les bandes de rats assoiffes de sang sauteront sur moi [...] J'etais dans un etat de desespoir qui me poussait vers le peche. [...] J'avais oublie la priere, j'avais oublie tout ce que je savais. [...] Et c'est alors que j'ai crie : "Seigneur Dieu, ne m'abandonne pas !" Je n'ai pas trouve de meilleure chose a dire, de plus intelligente, de plus edifiante pour le Pere eternel. Purement et simplement, le desespoir a hurle en moi avec sincerite : "Dieu, ne me laisse pas ! Tu es mon seul secours !"

Dans le desespoir, j'ai tout de meme vu que je ne suis pas dans une situation limite, qu'il y a une porte - et que cette porte est le Pere eternel. Je ne peux ne pas avoir des larmes aux yeux quand je me rappelle cet instant qui a suivi mon cri. [...] En ce moment, toute la realite autour de moi s'est transfiguree. Il n'y avait plus ni lucarne, ni platforme, ni escalier, ni rats. Rien qu'une immensite blanche, une lumiere blanche qui m'integrait et que je sentais concrete, que je croyais materielle. [...] Et ce n'etait pas une lumiere de soleil ou d'ampoule [...] Vous savez l'hiver quand il neige aux grands flocons calmes et qu'ensuite apparait le soleil [...] et toute la neige brille en milliers d'etincelles. C'etait une lumiere vibrante. [...] Je sentais une joie immense, un sentiment tres fort. Je me suis dit que, probablement, quand tu aimes tres fort quelqu'un et apprends que tu es aime de la meme maniere, tu te sens accompli dans cet amour qui se donne [...] Je vivais cette chose si intensemment que si cela avait dure encore, je sentais me transformer en cendres. [...] Passe cet intervalle, la lumiere m'a quitte et je suis revenue au normal ... Les rats etaient tous couches sur terre, ils ne couraient plus dans toutes les directions." (Aspazia Otel Petrescu, Cu Hristos in celula/En prison, avec le Christ, Bucarest, ed. Meditatii, 2013, livre coordonne par Danion Vasile, p. 40-55).

Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

Merci ! 75 personnes ont prié

6 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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