2 - Aux sources du "Je vous salue Marie"

Image de la publication

"Suis Marie, pour ne pas dévier"

C'est au Moyen-Âge que prend forme le Je vous salue Marie. Il apparaît peu à peu, comme la suite d'une méditation, comme une prière que l'on murmure parce qu'elle habite le coeur et qu'elle en déborde. Saint Bernard, l'une des grandes figures de cette période, a ces quelques mots sur Marie, sculptées comme un poème :

« En la suivant, on ne dévie pas ;
en la priant, on ne désespère pas ;
en pensant à elle, on ne se trompe pas ;

Si elle te tient par la main, tu ne tomberas pas ;
si elle te guide, tu ne connaîtras pas la fatigue ;
si elle est avec toi, tu es sûr d'arriver au but. »

La prière du pauvre

Le Je vous salue Marie est une prière si simple. Aucune probablement, si l'on met à part le Notre Père, n'est aussi connue et répandue. C'est la prière des pauvres, dit-on souvent, et c'est probablement vrai. On l'appelle parfois la Salutation Angélique, parce qu'elle commence par la salutation de l'ange à Marie. Et l'on perçoit bien, la façon de le réciter en choeurs alternés souvent le montre, qu'elle est composée de deux parties : salutations et bénédictions multipliées au début, puis supplications. Comme si le mouvement de la prière portait à contempler Marie d'abord, dans un mouvement de pur émerveillement, pour lui adresser ensuite humblement nos demandes, maintenant et à l'heure de notre mort.

Une telle prière est bien la prière des pauvres, dans une humilité sans détour, dans l'émerveillement comme dans la supplication.

L'origine du Je vous salue Marie

Il suffit de prêter attention à ce que nous disons, pour voir que nous redisons, dans les premiers mots du Je vous salue Marie, la salutation de l'ange Gabriel à Marie : Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi (Lc 1, 28), conjugués à ceux d'Elisabeth à la Visitation : Tu es bénie entre toutes les femmes, et béni le fruit de ton sein (Lc 1, 42). Les deux salutations sont réunies en une même prière dès le 4ème ou le 5ème siècle, en particulier dans les liturgies grecques dites de saint Jacques, de saint Basile et de saint Marc, qui insèrent après le mot Salut, le nom de Marie. Les Eglises d'Orient ajoutent très vite à cette première salutation : parce que tu as engendré le Sauveur de nos âmes.

Cette prière contemple Marie et médite le mystère de son choix par Dieu, de son accueil de la parole de l'ange, du don inouï de Dieu qui s'opère en elle, parce qu'elle a cru.

Je vous salue Marie, comblée de grâce

Cette première partie du "Je vous salue Marie" s'inscrit dans la liturgie latine au 6e siècle, dans une antienne d'offertoire de la messe du 4e dimanche de l'Avent, attribuée à saint Grégoire le Grand. Et elle devient une prière plus personnelle au 7e siècle, mais son usage en dehors de la liturgie demeure rare, jusqu'en 1198. L'évêque de Paris, Odon de Seliac, prescrit alors aux prêtres d'exhorter les fidèles à la réciter en même temps que le Notre Père et le Credo. Et à partir du 13e siècle, l'usage s'en répand largement : en France, en Espagne, en Angleterre, en Germanie. Les ordres religieux, comme les Cisterciens par exemple, ou encore les Chartreux, les Dominicains, et beaucoup d'autres, la prescrivent aussi. Mais à cette époque, l'Ave Maria se termine toujours avec les paroles d'Elisabeth à Marie : Et béni le fruit de ton sein. On raconte qu'un paysan, qui peinait à réciter l'Ave Maria en latin, comme cela se faisait, ne pouvait en dire que les premiers mots, et même s'arrêtait sans le savoir en plein milieu du mot Seigneur : Ave Maria, gratia plena, Do ! Interrompant, donc, le Dominus tecum : le Seigneur est avec toi !

Le Pape Sixte IV [mort en 1484] concèdera une indulgence de 30 jours à ceux qui termineront cette prière en ajoutant les mots : Jésus Christ. Amen ! L'usage s'en répand alors rapidement. Et cette Salutation Angélique apparaît dans les manuels de piété et les catéchismes dès le 15e siècle.

Priez pour nous pauvres pécheurs

Avant même que la seconde partie du Je vous salue Marie ne se répande, sa première partie est souvent dite comme une salutation, accompagnée d'une inclinaison ou d'une génuflexion, et éventuellement répétée de nombreuses fois comme un geste de pénitence. Les légendes abondent en ce sens. Mais on ressent aussi le besoin de compléter cette salutation par une supplication ou une prière. Et beaucoup le font, spontanément, librement. Ainsi saint Bernardin de Sienne, avant 1440, dans un sermon qu'il conclut par l'Ave, s'écrie : et je ne peux m'empêcher d'ajouter : Sancta Maria ora pro nobis peccatoribus : Saint Marie, priez pour nous pécheurs ! Déjà un bréviaire chartreux du 13e siècle ajoutait Sancta Maria, ora pro nobis : Sainte Marie, prie pour nous.

Une prière pour tous

Vers 1500, plusieurs bréviaires en différents lieux d'Europe (France, Italie) ajoutent : maintenant et à l'heure de la mort. Amen ! Et en 1568, le Pape Pie V prescrit aux prêtres de commencer la récitation du bréviaire par le Pater et l'Ave dans la forme que nous lui connaissons aujourd'hui. Au commencement du 17ème siècle, elle est en usage dans toute l'Eglise.

Ainsi naît cette prière des pauvres à Marie, mère de Dieu et notre mère. Modèle aussi de la foi !


N'hésitez pas à approfondir votre prière mariale en vous rendant sur notre site : http://croire.la-croix.com/Definitions/Bible/Marie

Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

Merci ! 739 personnes ont prié

23 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

loader

Prier le "Je vous Salue Marie" expliqué

Je m'inscris