Nous vivons dans une société pluraliste, multiculturelle, multi religieuse et sécularisée. Dans ce contexte, nous, chrétiens sommes appelés à trouver de nouvelles manières d’être au monde et des façons renouvelées d’être présents dans l’espace public. Il est justifié et important que nous soyons présents et que nous prenions parole dans certains débats publics, en faisant appel à nos points de repère, nos idées, nos convictions et nos valeurs. En effet, dans une société pluraliste, tout le monde a le droit de prendre la parole. Cela doit bien sûr se faire en respectant l’espace et le langage, et sans confusion entre politique et religion. Dans ces conditions, l’Église en tant qu’institution peut parler du lieu où elle est et s’exprimer pour donner un avis sur des sujets qui touchent les gens. Nous, chrétiens avons aussi une parole autorisée et celle-ci sera légitime si nous sommes bien conscients qu’il s’agit d’une parole entre les autres, éclairée de l’intérieur par notre foi mais qui, dans le débat public ou le dialogue avec les autres, n’aura d’autre autorité que celle de la Vérité du Christ et son caractère éclairant intrinsèques en nous.

 

Par ailleurs, cette parole trouvera sa force et sa crédibilité dans l’expérience du terrain. C’est en travaillant ensemble avec d’autres femmes et hommes de bonne volonté, que nous aurons une présence et une parole signifiantes pour le monde d’aujourd’hui. Si notre parole est ancrée dans l’action, si notre discernement est nourri d’une proximité intime avec Celui qui nous abreuve et nous envoie en mission parmi les plus vulnérables de notre société, alors nos mots et nos actions seront entendus, utiles et acceptés. Notre engagement à la suite du Christ vaudra par sa qualité, par son opportunité, par sa capacité à faire avancer les choses.

 

Un appel à revenir à l’Évangile et à aimer le monde

 

Nous sommes dans un moment difficile pour l’Église. Elle a besoin de souffle pour renouveler son mode de présence au monde. IL EST PLUS UTILE D’ALLUMER UNE BOUGIE QUE DE MAUDIRE L’OBSCURITÉ et proposer de revenir à l’essence du christianisme, c’est-à-dire à l’Évangile et au service du frère. Voilà une mine d’or où trouver de quoi être animé de l’intérieur : croire qu’on peut humaniser le monde, croire qu’il est possible d’améliorer la vie des gens et de changer les choses pour aller vers un mieux-être pour tous.

 

Lançons-nous un appel à nous-même qui sommes l’Église !  Demandons-nous de nous faire servante et pauvre pour se mettre au service du Royaume, « le monde selon le cœur de Dieu », c’est-à-dire la construction patiente mais résolue d’un monde plus juste et plus fraternel pour toute la famille humaine. C’est pour cela, que nous les chrétiens sont appelés à « aller au charbon », ensemble avec toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté, et à s’engager pour le monde selon notre appel.

 

À chacun de nous de se retrousser les manches avec ses sœurs et frères humains pour œuvrer à un monde meilleur et plus solidaire. De prendre part dans le débat public aussi, dans le respect des opinions de chacun. Cela suppose une véritable foi appuyée sur le Roc, et l’espérance d’un vivre ensemble dans la capacité fondamentale où chaque personne assume son humanité et prend en charge pour sa part l’avenir du monde.

 

Il faut bien se rendre compte que le monde a connu des évolutions fulgurantes et que les sciences humaines ont délogé les référents traditionnels puisés dans la théologie et la philosophie. Nous ne sommes plus dans le monde des idées, mais dans le monde des faits, de l’émotion, de l’image... La dynamique du développement personnel a pris peu à peu la place de la religion. Comment nous, membres du corps-Église intégrons-nous tous ces changements ? Nous sommes appelés à se situer réellement au cœur du monde et à véritablement aimer celui-ci.

Dans le Coeur de Jésus