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Dans quelques jours, le 23 novembre, les chrétiens catholiques, anglicans et luthériens, feront mémoire de Clément de Rome, troisième successeur de l'apôtre Pierre sur le siège de Rome, tandis que la plupart des Eglise d'Orient feront mémoire de lui le lendemain. Saint Irénée de Lyon nous rapporte qu'il avait vu les Apôtres et que leur prédication résonnait encore à ses oreilles. Honoré comme saint par l'Église catholique, Clément fait partie, avec saint Ignace d'Antioche (mémoire le 17 octobre), de cette première génération d'évêques qu'on appelle les Pères apostoliques. L'image ci-dessus représente la translation de ses reliques à la basilique Saint-Clément de Rome, située non loin de la basilique Saint-Jean-de-Latran (fresque du onzième siècle)

La principale œuvre que l'on a conservée de lui est une émouvante Lettre aux Corinthiens dans laquelle, quelques décennies après saint Paul, il exhorte les chrétiens de cette ville à mettre de côté leurs divisions, cause de scandale pour les non-chrétiens, et à supplier le Seigneur de les réconcilier. À plus de dix-neuf siècles de distance, ce vibrant appel d'un des premiers évêques de Rome (le terme « pape » lui est bien postérieur), n'a rien perdu de son actualité. Voici un extrait de cette Lettre de Clément aux Corinthiens :

Il est écrit : « Attachez-vous aux hommes saints, car ceux qui s'attachent à eux deviennent saints. » Et il est écrit ailleurs : « Avec l'homme sans reproche tu seras sans reproche, avec l'ami tu seras un ami, et avec l'homme fourbe tu agiras avec ruse ». Attachons-nous donc aux hommes sans reproche et aux justes, car ce sont eux les amis de Dieu. Pourquoi des disputes, des colères, des divisions, des scissions et la guerre parmi vous ? N'avons-nous pas un seul Dieu, un seul Christ, un seul Esprit de grâce répandu sur nous, et une seule vocation dans le Christ ? Pourquoi écarteler et déchirer les membres du Christ, pourquoi nous révolter contre notre propre corps, et en arriver à une telle démence : oublier que nous sommes membres les uns des autres ? […]

Vos scissions en ont détourné beaucoup, elles en ont jeté beaucoup dans le découragement, beaucoup dans le doute, et nous tous dans le chagrin. Et votre désaccord se prolonge ! Reprenez la lettre du bienheureux Apôtre Paul [1^ère lettre aux Corinthiens]. Que vous a-t-il écrit en premier, au commencement de l'évangélisation ? Vraiment, c'est sous l'inspiration de l'Esprit qu'il vous a envoyé une lettre parlant de lui-même, de Céphas et d'Apollos, car à cette époque déjà vous formiez des partis (cf. 1 Co 1, 10-13). Mais cet esprit de parti était alors pour vous une moindre faute, car vous étiez partisans en vous attachant à des Apôtres autorisés ou à des hommes approuvés par eux. […]

Faisons donc disparaître cela au plus vite, jetons-nous aux pieds du Maître, supplions-le avec larmes pour qu'il nous prenne en pitié, nous réconcilie et nous rétablisse dans la noble et sainte pratique de l'amour fraternel. La porte de la justice ouverte sur la vie, c'est celle-là, ainsi qu'il est écrit : « Ouvrez-moi les portes de la justice ; j'y entrerai pour louer le Seigneur. C'est ici la porte du Seigneur ; les justes y entreront. » (Ps 118,/111, 19-20) Beaucoup de portes sont ouvertes, mais la porte de la justice est celle du Christ. Bienheureux tous ceux qui y sont entrés et qui dirigent leur marche « dans la sainteté et la justice » (Lc 1, 75) ; ils accomplissent tout sans connaître de trouble.

Prière : Dieu notre Père, Toi qui as voulu que l'Église de Rome préside à la charité, accorde à son évêque, le pape François, successeur de saint Clément, de rechercher avec sollicitude la pleine communion entre tous les disciples de ton Fils Jésus Christ. Lui qui règne pour les siècles des siècles. Amen.