Nouveaux saints pour que nous soyons saints - Jour 1

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Le mardi 26 mai dernier, au cours de l'audience accordée au cardinal Angelo Becciu, préfet de la congrégation pour les Causes des Saints, le Pape François  autorisé la publication de huit décrets reconnaissant plusieurs miracles et martyres : Le bienheureux père César de Bus, le bienheureux Charles de Foucauld et la bienheureuse Maria Domenica Mantovani. En ce mois qui débute par la fête de la Toussaint et se termine avec l'Avent, nous vous proposons de préparer nos cœurs à accueillir le Christ nouveau-né en marchant sur le chemin de la sainteté. Nous découvrirons tout d'abord ces 3 saints puis quelques-uns de leurs écrits. 

 

Jour 1             

Débutons nos 3 jours avec le premier français canonisé : le bienheureux père César de Bus, fondateur de la congrégation des Pères de la Doctrine chrétiennes, les doctrinaires, né le 3 février 1544 à Cavaillon, en Provence, et mort en Avignon le 15 avril 1607, s'est vu attribuer un miracle.

 

« Amen, je vous le dis : nul n'aura quitté, à cause de moi et de l'Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu'il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. Beaucoup de premiers seront derniers, et les derniers seront les premiers. »» (Mc 10,29-31)


Bienheureux César de Bus (1544-1607)  - Site de la Paroisse de Robion -  Disponible sur https://www.robion.paroisse84.fr/Bienheureux-Cesar-de-Bus-1544-1607.html (passages coupés et quelques raccourcis)

César de Bus est originaire de Cavaillon, il est notre compatriote. Il est toujours marquant de penser que nous pouvons parcourir les mêmes chemins qu'il a emprunté, et voir la nature qu'il a lui-même vue, ce « grand livre ouvert », selon ses paroles même, où l'on peut contempler l'oeuvre de Dieu.

Il voit le jour et reçoit la grâce du baptême le 3 février 1544, à la cathédrale de Cavaillon. C'est une période difficile et troublée, pour le monde et l'Eglise catholique. En effet, les difficultés, les relâchements, les crises qui touchent la société ont aussi des conséquences dans la vie de l'Eglise.

C'est dans ce contexte que Martin Luther (né en 1483), réagissant à de réels abus qu'il avait pu constater dans la vie de l'Eglise, et en particulier de certains prêtres, évêques ou moines, exprime son opposition avec force et avec excès. Il conteste et remet en cause le pape et la hiérarchie, les indulgences, le célibat des prêtres, les vœux monastiques, le culte des saints, le sacrifice de la messe. Il est excommunié en 1520. En 1545, le pape Paul III conscient avec toute l'Eglise qu'il y a des abus à réformer, une ferveur à raviver, une foi à nourrir, ouvre le Concile.

César de Bus s'inscrira dans ce grand mouvement de Réforme Catholique commencée avant le Concile de Trente, et poursuivie ensuite, suscitant de nombreux témoins de sainteté et de fondateurs d'ordres et congrégations religieuses attachés à enraciner et faire rayonner cette réforme.


Très tôt, César de Bus montre une grande piété. Tout jeune, il prépare dans sa chambre un petit autel, un lieu de recueillement qui lui permet de prier. Cette piété n'est pas seulement une fantaisie d'enfant, elle porte des fruits. Dans son contact avec les autres, son amabilité est reconnue, et plus encore, il fait montre d'une très grande charité, en particulier à l'égard des plus pauvres.

A 14 ans, il est envoyé à Avignon, au collège pour étudier. Non seulement il est un très bon élève, aux qualités de mémoire prodigieuses, mais en outre il est un camarade reconnu et apprécié.

Il revient à Cavaillon, où sa prédilection pour les plus pauvres se manifeste par son engagement dans la confrérie des Pénitents Noirs de la ville. Ces confrèries ont pour but d'une part de soutenir, nourrir et encourager la vie chrétienne de ses membres, mais aussi de les consacrer à des œuvres de miséricorde. Il est élu par ses confrères comme responsable de cette confrérie.

« Il vous faut accomplir toute action, en particulier les plus ordinaires et quotidiennes, avec plus de perfection aujourd'hui qu'hier, et demain plus qu'aujourd'hui, c'est-à-dire prier, célébrer ou écouter la sainte messe, prendre ses repas, dans les loisirs, en examinant sa conscience le soir, et faire toute autre action avec toujours plus de perfection... Donc, soyez souvent attentifs à vos inclinations, passions, habitudes et actions pour corriger de jour en jour tout ce qui est mauvais en vous, et progresser en tout ce qui est bon... La connaissance de soi, après celle de Dieu, est la première de toutes celles que doit avoir un chrétien, et en particulier un homme spirituel et pieux » (cf. Testament de César de Bus, Enseignement XXVII)

Avec son entrée dans l'âge adulte, la vie de César de Bus est marqué par des engagements radicaux pour la défense de son pays et de sa foi. Le pays est menacé par les Protestants. Au-delà des questions religieuses, il y aussi des enjeux politiques propres à fragiliser le pays.

A deux reprises, César de Bus va s'engager dans les milices catholiques, non seulement pour défendre sa foi, mais aussi son pays, parce qu'ils sont liés. A 18 ans, d'abord, il partira pour la Normandie et reviendra victorieux de la bataille de Dreux. A 22 ans, à nouveau, face aux menaces des protestants, il part pour Bordeaux.

Avant de partir, en bon chrétien, il se confie au Seigneur Jésus et à sa Sainte-Mère. Malgré les conditions difficiles, autant qu'il le pouvait, il assistait à la messe chaque jour et cherchait le secours de la grâce dans les sacrements. Son engagement n'affecte pas sa fidèlité.

Après 1563, il rentre à Cavaillon, durement éprouvée par les guerres de religion : la cathédrale ayant été incendiée en 1562, le couvent des dominicains pillés et bien des sépultures profanées. Son cœur blessé s'adonne aux belles-lettres. Il aimait à composer des poèsies, pièces de théâtre, tragédies et drames qui étaient appréciés. Il s'adonnait aussi à la peinture. Toutes ces qualités, il les mettra plus tard, au service de son apostolat.

Lors de son deuxième engagement, il est atteint d'une maladie très grave et doit revenir à Cavaillon pour une longue convalescence. Les affaiblissements de son corps affectèrent aussi son âme, et s'il remercia Dieu de sa guérison, la fin de sa maladie marqua le début d'une période d'égarement spirituel.

A la suite de ces engagements militaires, il passe quelques temps à la cour à Paris où il fait l'admiration de tous puis revient changé, moins pieux, à Cavaillon. Trouvant cette ville trop petite, il se rend à Avignon, où il put continuer une vie légère, au milieu de la bonne société de l'époque, s'adonnant aux plaisirs frivoles : jeux, théâtre, soirées dansantes...  Cette vie insouciante dut s'interrompre, rappelé à Cavaillon où son père, dans ses 80 ans, atteint d'une grave maladie, avait besoin de la présence et de l'aide de son fils.


Avec la mort de son père, César fut aussi troublé par celle de son frère Charles, chanoine de la collégiale de Salon. Dans son trouble, il rencontra deux personnes qui ont joué un rôle déterminant : Antoinette Reveillarde, une modeste veuve, et Louis Guyot, sacristain de la cathédrale.

Antoinette Reveillarde étant veuve et sans enfant, s'adonnait à la prière, à la pénitence, et passait son temps dans les églises. Ce n'était pas un moyen pour elle de s'enfermer sur ses malheurs, au contraire, elle était connue et respectée pour sa piété, ses conseils judicieux étaient appréciés. Elle parlait volontiers de la Passion de Notre Seigneur et de la miséricorde, et aussi bien ses propos que sa façon d'en parler, touchaient les cœurs.

Louis Guyot était tailleur de pierre et assumait la charge de sacristain de la cathédrale. Il était animé d'une grande dévotion envers la Sainte Eucharistie. Vivant modestement, il n'en était pas moins généreux envers les pauvres, et avait à cœur de prier pour les pécheurs. Il jouissait de l'estime de tous.

Ces deux âmes de choix unirent leurs forces pour arracher César de Bus aux pièges du monde. Antoinette, qui était familière des Bus, s'adressa un jour à César : « Monseigneur, vous trouvez de grandes satisfactions dans le monde, mais si vous goûtiez aux consolations que Dieu accorde à ses fidèles serviteurs, vous échangeriez bientôt les plaisirs d'ici-bas contre les joies divines ». César semblait demeurer sourd à ses exhortations.

Elle ne perdait pas courage, et persévéra. Elle incita César à lui lire une vie de saint. Malgré ses refus, elle lui dit « Monseigneur ! Vous êtes toujours très courtois eet très aimable envers les autres. Il n'ya a qu'avec moi que vous vous montrez désobligeant. Je vous en prie, prenez ce livre et pour ma seule consolation, lisez en sept lignes, en l'honneur des sept douleurs de Notre-Dame, ou même cinq en l'honneur des cinq plaies de Notre-Seigneur, ou si cela vous paraît trop, seulement trois en l'honneur des trois Personnes de la Sainte-Trinité ».

Elle fit appel à la prière de Louis Guyot, pour soutenir son apostolat. Un jour, elle lui dit : « Attention, Monseigneur, on ne badine pas ainsi avec Dieu. Il vous appelle et vous ne l'écoutez pas ! Il continue à vous attirer et vous continuez à le fuir. Prenez gade qu'Il ne se fatigue et qu'à la fin ».

Malgré les demandes instantes d'Antoinette Reveillarde, César ne semblait pas être sensibles à ses pleurs. Toutefois, par égard et respect pour elle, qui lui avait dit « Recommandez au moins votre âme à Dieu, avant de vous éloigner », César s'apprétait à le faire sincèrement. Tant et si bien qu'en disposant son cœur à la prière, il fut touché par la grâce et en un instant, en un éclair, il prit conscience de son état, de son péché, de son aveuglement. Aussitôt, au lieu de sortir se divertir, comme il l'avait prévu, il passa la nuit en prière.

Il est possible qu'il évoqua cet épisode plus tard dans sa Leçon treizième, précisant que le Seigneur se présenta lui-même en personne à un « jeune homme... qui s'en allait la nuit pour mal faire », en portant sa croix sur les épaules et disant à ce dernier « Tu vas me crucifier une autre fois ».

Il s'ouvrit avec joie de ce retournement et de cette grâce à Antoinette Reveillarde, la remerciant pour ce qu'elle avait fait pour lui. Celle-ci encouragea César à rencontrer Louis Guyot et à se confier à ses conseils. César aurait bien sûr été tenté de se précipiter dans une pénitence spectaculaire, toutefois Louis Guyot l'exhorta à vivre une conversion et une pénitence intérieure. En quelques mots, César de Bus formule sa résolution :

« Je renonce à ma vie passée, je réprouve mon aveuglement, j'embrasse volontiers la croix, j'adore sa nudité, ses souffrances, ses ignominies. Je veux pâtir le reste de mes jours et effacer par mes pénitences, tous mes péchés. J'ai abusé des grâces de Dieu et je ne veux pas être ingrat envers sa miséricorde disposée à me pardonner. Je passera par la porte étroite et je gravirai les sentiers abrupts qui mènent au salut ! »

Sa résolution est prise : il faut changer de vie ! Cependant, les épreuves ne font que commencer. Il se rend à Avignon avec la ferme intention de confier son âme et sa vie à un prêtre qui puisse l'accompagner et l'aider.

Arrivé à Avignon, il retrouve ses anciennes amitiés et se laisse entraîner à ses habitudes mondaines, oubliant ses résolutions. Après une soirée de divertissements, en rentrant il passe à proximité du monastère des Clarisses d'Avignon (rue du Roi René) et entend leur chant. Il est touché par leur chant, et il comprend la futilité de sa vie en pensant à celle de ces femmes qui ont donné leur vie par amour, consacrées à la louange de Dieu. Il prend conscience de ses fragilités et de ses faiblesses.

C'est dans ces dispositions qu'il rencontre le père Péquet, un jésuite qui avait acquis « une renommée de sainteté et la réputation d'être un prédicateur éloquent, un directeur spirituel émérite et un convertisseur d'âmes irrésistible ».

Le premier pas de sa nouvelle vie fut la confession, et put être admis à nouveau à la communion. Il rencontra plusieurs fois le père Péquet et posa avec lui les fondations de sa nouvelle vie, avant de rentrer à Cavaillon.

La première de ses résolutions fut de donner les biens qu'il avait acquis illégitimement. Il prit aussi la résolution de détruire tous les poèmes et écrits qu'il avait composé dans sa vie mondaine. Enfin, il manifesta sa foi publiquement et héroïquement en accompagnant le Saint-Sacrement porté par un prêtre à un malade.

« Certains sont mûs par la douceur, d'autres par la rigueur, il est nécessaire que vous le soyez par la considération de innombrables bienfaits que vous avez reçu de la main de Dieu...(après avoir médité cela) vous devrez vous préparer à faire une confession générale, précédée de nombreux grands et fervents actes de contrition » (Testament spirituel enseignements XVI et XVII)

Le premier fruit de ses résolutions et le signe de leur authenticité fut ce désir qui se fit jour dans son cœur de devenir prêtre. Avec les nombreuses grâce dont il bénéficiat – qui lui firent dirent sur la fin de sa vie que cette période était comme « un avant-goût du Paradis » -, il dut aussi affronter des épreuves et tentations spirituelles. Ces épreuves, permises par Dieu, sont habituelles dans tout cheminement spirituel, et, selon la parole de saint Paul qui affirme que « Dieu fait tout concourrir au bien de ceux qui l'aiment », elles conduisent à affermir les résolutions et enraciner les convictions.

César de Bus entreprit alors un pèlerinage à Tarascon auprès de sainte Marthe, pour obtenir à sa suite, le même courage dans la lutte contre les manœuvres du démon, de façon à être toujours plus fidèle au Christ et ardent à proclamer la Bonne Nouvelle.

Après ce pèlerinage, il se rendit à Avignon pour confier à nouveau son âme au Père Péquet. Celui-ci, très conscient des grâces reçues par César de Bus, l'encouragea dans sa résolution à reprendre des études et à se préparer à devenir prêtre. Il lui proposa de faire les exercices spirituels selon saint Ignace, pendant 30 jours, afin de l'aider à surmonter ses inquiétudes, doutes et hésitations. En effet, César, douloureusement conscient des péchés de sa vie passée, et admirablement conscient de la grandeur et beauté du sacerdoce, se demandait s'il était digne de cette grâce.

Pour l'aider dans son cheminement spirituel, le père Péquet lui demanda de prendre le temps, chaque jour, d'écrire dans un carnet et de décrire les grâces, lumières, sentiments et mouvements qu'il recevait.

« Si tu désires acquérir ce divin amour, abandonne tout ; si tu désires posséder les trésors que le temps ni la rouille ne consument point, méprise les biens caducs et terrestres ; si tu veux jouir des joies éternelles, rejette les délices du monde. Délaisse le tout et tu auras le tout. Ce que tu délaisseras, il faudra aussi bien le quitter, que tu le veuilles ou non, tandis que les choses que tu auras acquises, ayant tout abandonné, ne pourront jamais t'être ravies ni enlevées en aucune manière » (extrait de ses carnets, cité par l'abbé Giloteaux, p. 52)

César devint prêtre par le sacrement de l'ordre que lui conféra l'évêque de Cavaillon dans sa cathédrale en 1582. César avait 38 ans.

Au cours de la cérémonie qui le faisait prêtre, César reçut une grâce particulière : celle du don des larmes. Cette grâce est un signe accordé à beaucoup de chrétien, où le cœur touché et conscient de l'Amour de Dieu, déborde de joie. Ce ne sont pas des larmes de tristesse, mais de joie ! C'est un signe sensible par lequel notre Dieu montre sa présence toute proche de notre cœur.

Après avoir célébré sa première messe à Cavaillon, il alla à l'église des dominicains pour prêcher et enseigner. Il y avait foule ! Il parla et enseigna longuement, et les cœurs furent touchés ! Non seulement il avait bénéficié du don des larmes, mais par ses paroles, il était aussi capable de toucher les cœurs.

Des témoins ont affirmé que « ses paroles étaient simples, sa voix douce, son geste sobre et son attitude recueillie ». Son enseignement passait non seulement par ce qu'il disait, mais aussi par sa façon de le dire et par sa façon de vivre ! Ce qu'il enseigne et transmet, c'est Celui dont il a fait l'expérience, Celui qu'il a rencontré. Il ne parle pas de quelque chose, il témoigne de l'Amour de Dieu.

Dans sa vie de prêtre, il y a deux réalités qui tenaient la première place : la messe et la confession. Bien sûr, comme tout chrétien, la prière est la première source quotidienne de son cœur-à-coeur avec Dieu, le moyen de connaître et recevoir l'Amour de Dieu. Mais comme prêtre, à la fois dans sa vie de chrétien, et son ministère, la messe et la confession eurent la première place. Non seulement, par ces sacrements, il donne la grâce de Dieu aux hommes, mais en les célébrant, lui-même, fait l'expérience de cete grâce. En particulier, dans le sacrement de la réconciliation et de la pénitence, il a ce don de lire dans les cœurs. Les fidèles ne s'y trompent pas, qui sans crainte, avec confiance, appellent et demande cette grâce de miséricorde.

« Dans le Très Saint Sacrement de l'autel (l'Eucharistie), vous trouverez dans cet Auguste Sacrement tout ce qui se peux désirer en cette vie, puisqu'il contient tout ce qui pour nous doit se trouver en toute chose, c'est-à-dire Dieu qui s'est fait homme » (Testament, enseignement L)

Le Père de Bus menait une vie simple de prière, de solitude et d'étude. Il poussait les habitants de Cavillon à la piété, allant chercher les enfants dans la rue au son d'une clochette pour les mener au catéchisme dans la cathédrale. Il se souciait beaucoup  aussi de la vie de prière des religieuses et des prêtres.

César se dépensait et donnait son temps sans compter, avec peu d'égard pour sa santé. Assurément, son logement modeste dans un coin du cloître de la cathédrale ne l'a pas aidé, et il dût interrompre le rythme de ses activités.

Il partit se reposer dans la maison paternelle et tira profit de cette épreuve. Au lieu de prêcher par la parole, il le fit par les mains, en confectionnant des chapelets, rosaires et crucifix ornés des instruments de la Passion (ceux-là même que l'on retrouve dans les armoiries de la Congrégation des prêtres de la Doctrine Chrétienne), qu'il distribuait à ses visiteurs, les exhortant à porter et utiliser ces signes de foi, et à méditer la passion de Notre Seigneur.

Avec ses forces qui revenaient, il reprit quelques activités, et par choix, se dévoua à l'enseignement du catéchisme aux plus pauvres et à la visite des malades qu'il soignait et consolait par ses paroles.


César vivait à une époque où la foi catholique, pour différentes raisons, avait perdu de son éclat, au profit du protestantisme. La foi protestante avait gagné un certain nombres de membres de sa famille. Ce n'était pas sans raison : l'infidélité de trop nombreux prêtres, la légèreté de leur vie et de leur enseignement, la négligence des pasteurs dans le soin des fidèles, la superficialité de la foi de trop nombreux baptisés, l'incohérence entre leurs paroles et leurs actes, les trop nombreux scandales... Il parvint cependant à ramener à la foi certaines personnes dont son cousin Jean-Baptiste de Romillon, qui le rejoint par la suite pour les premières étapes de la fondation de la Congrégation de la Doctrine Chrétienne ; et aussi Madame de la Capade.

Sur la colline, au-dessus de Cavaillon, une chapelle fut édifiée en l'honneur de saint Jacques en 1340, avec un ermitage pour l'accueil des pèlerins. Cette chapelle fut une des victimes de la fureur des guerres de religion. En 1588, César de Bus, épris de solitude, entrepris de restaurer la chapelle et l'ermitage afin de s'y installer afin de s'adonner à la prière et à l'étude, dans la solitude.


Depuis longtemps, César avait conçu le projet de fonder une congrégation de prêtre et catéchistes qui pourraient se consacrer à la prédication populaire, aux « instructions familières ». Cette idée se renforça à la suite d'une mission qui lui avait été confiée.

En effet, l'évêque de Viviers, Mgr de l'Hôtel, constatait les ravages que réalisait l'hérésie calviniste dans son diocèse, à la faveur d'un état d'abandon spirituel des fidèles de celui-ci. César de Bus partit pour le Vivarais en compagnie de son cousin Jean-Baptiste de Romillon. Celui-ci, né à l'Isle-sur-la-Sorgue en 1533, avait abandonné l'hérésie calviniste grâce à César de Bus en 1579, et était devenu prêtre et chanoine de la collégiale de l'Isle. Ils se partagèrent le diocèse de Viviers pour y apporter l'Evangile, donnant plus de force encore à leurs paroles, par l'exemple de leur charité active auprès des plus pauvres et des malades.


Fort de la réussite de ses travaux missionnaires, inspiré par l'oeuvre de Charles Borromée, conseillé par ses amis, encouragé par le soutien de quelques prêtres prêts à le suivre, il s'ouvrit de son projet à l'évêque de Cavaillon, mgr Bordini, disciple de saint Philippe Néri. Celui-ci, enthousiaste, donna son accord.

Le charisme qui est au cœur de son intuition, est d'assurer des instructions familières, propres à nourrir la foi et ramener la pureté des mœurs, par un langage simple et populaire, l'exemple d'une vie simple et proche, le témoignage d'une vie fraternelle unie par la charité.

Le 29 septembre 1592, en la fête de l'Archange Saint Michel, dans la chapelle des religieuses ursulines de l'Isle-sur-la-Sorgue (rue Danton), les premiers compagnons ont tenu leur assemblée fondatrice. Ils étaient quatre à entourer César de Bus : Jean-Baptiste de Romillon, chanoine de la collégiale de L'Isle ; Michel Phinely, chanoine de la collégiale Saint-Agricol ; Jacques Thomas et Gabriel Michel.


César et ses compagnons s'attachèrent à enseigner la Doctrine de l'Eglise. Non seulement la présence de l'archevêque à ces enseignements contribuait à donner beaucoup de crédit à cette fondation, mais en outre, il eut le souci de leur partager sa propre expérience et les encouragea à pratiquer eux-aussi l'oratoire, rassemblant des jeunes gens pour des conférences spirituelles, des exercices de piété et des entretiens familiers.

« Divin Sauveur, qui avez uni dans votre adorable Personne, deux natures aussi différentes, que la nature divine et la nature humaine ; qui, de deux peuples, l'ancien et le nouveau, n'en avez fait qu'un seul, en abattant le mur de division qui les séparait ; qui, en qualité de Pasteur suprême des Anges et des Hommes, unirez, à la fin des siècles, ces deux troupeaux en une seule bergerie, unissez-nous aujourd'hui par votre Saint-Esprit, qui est le lien de l'Eglise, comme celui de la Sainte Trinité. Adorable Jésus, selon votre parole, soyez au milieu de nous, puisque c'est en votre nom que nous sommes ici réunis. Dieu de consolation, de patience, de charité et d'unité, faites que nous ayons toujours les mêmes pensées, les mêmes sentiments, dans l'expression de la même charité, afin qu'en annonçant votre Evangile, d'une même bouche avec les mêmes paroles, nous arrivions à glorifier votre Père et Vous même dans l'unité du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. »  (Le vénérable César de Bus, P. Giloteaux, pp. 132-133)

La nouvelle fondation répondait manifestement à un besoin, puisque ces missionnaires, appelés dans les villes et villages d'alentour, avaient du mal à satisfaire toutes les demandes. Dans sa prière, César de Bus, demanda de nouvelles vocations. C'était le 9 novembre 1593, et dans son sommeil, il reçut l'assurance que l'église des Sainte-Praxède était bien le lieu où il devait être et où il allait recevoir de nouveaux disciples. Plusieurs hommes les rejoignirent, des hommes simples, parfois illettrés mais fervents.


Une nouvelle épreuve bouscula César de Bus. Depuis quelques années déjà, la vue de César s'affaiblissait, lui occasionnant de vives douleurs dans la tête. Un jour qu'il montait à l'autel pour célébrer la messe, il heurta la lampe du sanctuaire. Dès lors, non sans souffrance, il décida de ne plus célébrer la messe, pour éviter d'autres inconvénients. Il accepta cette épreuve avec résignation et dans un véritable esprit de réparation et d'oblation. Son entourage en était peiné pour lui, mais il affichait une joie pleine de foi dans cette épreuve. Il vécut les 14 années qui lui restaient, dans cet esprit d'oblation. Il avait eu l'assurance que par la communion fréquente ses douleurs seraient appaisées, sans pour autant que disparaisse sa cessité. C'est ce qui advint. De surcroit, cette cessité corporelle avait laissé place chez l'homme de Dieu, à une grâce particulière de lumière intérieure immens, et d'une extraordinaire clairvoyance surnaturelle qui lui permettaient de conduire toujours mieux les âmes. Et ce handicap ne l'a pas empêché de poursuivre une vie très active, en particulier dans la prière, l'accompagnement spirituel et la prédication.

« Qu'importe que mes yeux soient privés de lumière et que de la douleur ma chair soit prisonnière, si la croix sur laquelle expira le Sauveur m'illumine l'esprit et dilate mon cœur ! » (Le vénérable César de Bus, Giloteaux, p. 149)

César de Bus avait rapidement constaté qu'après avoir pris soin des hommes, il était encore plus urgent de s'occuper des femmes, abandonnées, voire entretenues dans une grave ignorance. Seules quelques jeunes filles de familles aisées avaient alors accès à une modeste éducation dans quelques monastères qui acceptaient de les accueillir. Comme il avait rassemblé quelques prêtres disposés à donner leur vie pour l'éducation et l'enseignement des jeunes hommes, il voulut susciter le même enthousiasme auprès de femmes pieuses, désireuses de se consacrer à l'éducation des jeunes filles.

En 1594, sa nièce Cassandre de Bus, sous l'impulsion et avec l'accompagnement de son oncle, fonda une première communauté à l'Isle-sur-la-Sorgue, avec Madeleine, Marguerite et Catherine Plascher, rejointes rapidement par Françoise de Bermond. César, de son côté, voulut établir une autre communauté à Avignon avec le concours de Jeanne Faucher. Les deux communautés s'unirent en 1596 avec Françoise de Bermond pour supérieure.

Ces femmes pieuses, unies par un simple vœu de chasteté, furent placées sous le patronage de sainte Ursule. Ce choix fut déterminé par celui qu'avait fait sainte Angèle Mérici lors de la fondation de sa propre congrégation.Si elles vivaient comme des religieuses, par la vie communautaire, la prière et la pénitence, elles n'étaient pas cloîtrées, de façon à pouvoir se consacrer aux œuvres de charité et de miséricorde.

L'institut, à partir de cette semence, se répandit rapidement en Provence, Languedoc, Guyenne, Dauphiné, Toulouse et Paris. Si elles recevaient des jeunes filles fortunées qui payaient pension, elles recevaient aussi des filles pauvres gratuitement, avec le désir de les éduquer aussi bien humainement que spirituellement. Cet institut connut de rapides succès partout où il s'implanta. Parmi les vertus, elles tenaient en haute estime celle de la pureté, qui avant d'être celle du corps, est celle du cœur. La congrégation a été acceptée par une bulle papale le 27 juin 1598.

Quant à César, repris par la maladie et les nombreuses responsabilités, il laissa sa place de prédicateur au Père Antoine Vigier, ce jeune homme devenu grand, l'un de ses premiers disciples, qui ne démérita en marchant sur les traces de son maître. Petit à petit la congrégation s'organise et s'étend peu à peu.


Quelques semaines avant sa mort, César fut délivré des terribles tentations charnelles qui le torturèrent violemment tout au long de sa vie, pour autant, les épreuves ne cessèrent pas. En effet, il connut de douloureuses et éprouvantes peines physiques. Il ne pouvait plus boire ni se nourrir normalement, et subissait des assauts diaboliques qui malmenaient son corps. Toutefois, César demeurait moralement et spirituellement fort, acceptant ces épreuves dans la foi, et accueillant dans l'action de grâce les consolations que le Seigneur lui accordait dans ce contexte. Jamais il ne perdit sa confiance en Dieu.

Le père Larme, entré récemment et providentiellement dans la congrégation, qui lui servait d'infirmier, fut témoin indirect de ces grâces particulières et surnaturelles reçues par César de Bus. Celui-ci n'en voulait pas parler, estimant que ses seules richesses étaient sa pauvreté et son péché.

Malgré tout, César savait sa fin proche, et il voulait se préparer à cela : « Je vous certifie que si l'on ne se prépare pas quand il est encore temps, on s'expose à le mal faire au moment de la mort, car on le fait alors plus par nécesssité que par volonté ». Il demanda à recevoir le sacrement des malades et l'eucharistie. Il voulu être dépouillé de tout vêtement, déclarant : « je veux mourir nu à l'imitation de mon Sauveur ! » et de poursuivre : « Voici que j'ai tout quitté pour vous suivre ! Je suis satisfait d'être dépouillé de tout ce qui était à ma garde. C'est très glorieux pour moi ! ».César vivait ces instants avec une grande sérénité et une vraie joie spirituelle, malgré les souffrances et les douleurs : « il faut mourir et mourir gaiement ! ».

César avait renoncé à sa charge de Supérieur Général, et le père Sisoine fut désigné pour lui succéder. Fort de ce que César avait lui-même déclaré à ses fils, comme un testament spirituel : « faites grand cas de l'obéissance et n'espérez rien faire de bien en dehors d'elle », le père Sisoine lui demande de faire le récit des grâces qu'il avait reçu pendant sa vie. Malgré sa réticence à le faire, il lui déclara, le Vendredi Saint, que la première grâce qui lui fut donnée était celle de la tendre et affectueuse dévotion à la Mère de Dieu.

Le jour de Pâques, le 15 avril 1607, César de Bus rendait son âme à Dieu, entouré des pères de la Congrégation. Il fut heureux que cet homme de Dieu, qui avait tout au long de sa vie vouée une dévotion particulière à la Passion de Notre Seigneur, rendit son âme en ce jour de la Résurrection, et plus que le signe d'une grâce, c'est un enseignement et un motif d'espérance. Avant de mourir, très affaibli, sa prière, répétitive, s'exprimait par ces mots : « O mon Dieu ! O mon Dieu ! O bon Jésus, soyez mon Sauveur ! ». Et c'est en prononçant le nom de Jésus qui rendit l'esprit. Il avait 63 ans.

« C'est une grande consolation, que de souffrir uniquement par amour pour Dieu. Je n'avais pu y parvenir. Je le désire maintenant avec ardeur. La récompense que Dieu en donne est si grand qu'on ne peut l'exprimer. Personne nep eut la désirer sans la connaître et celui qui l'expériment ne peut faire autrement que de la souhaiter toujours plus véhémentement. Quand nous en jouirons, nous reconnaîtrons que toutes les afflications de ce monde n'étaient rien en comparaison de la gloire future qui nous sera révélée ! » (Le vénérable César de Bus, Giloteaux, 1961, p. 211)

Au terme de ce parcours avec le bienheureux César de Bus, il convient de dire quelques mots de l'histoire de la congrégation qu'il a fondé, sans chercher à être exhaustif.

Il s'agit de la première congrégation à vœux simples. C'est-à-dire que les membres de cette congrégation bénéficient des avantages de la vie religieuse, ans en connaître toutes les contraintes et exigences, de manière à demeurer disponible pour la mission et l'apostolat en particulier auprès des plus pauvres. Cette forme nouvelle de vie, à la manière des religieux, fut reconnue par le pape en 1592.

Toutefois, le supérieur général, conscient de la fragilité de la petite congrégation, eut le souci de l'unir à un institut plus important. Ils s'unirent ainsi enn 1616 aux Somasques, fondés par saint Jérôme Emilien, tout en conservant pour la province de France, toutes leurs caractéristiques et leur patrimoine spirituel, spécialement celui de leur fondateur.

La congrégation qui comptait alors seulement trois maisons (Avignon, Toulouse et Brive), connut une extension importante en France, favorisée par la réputation et la qualité de prédication populaire de ses prêtres. Au milieu du XVIIe siècle, la congrégation comptait une quarantaine de maisons, et cela ne fut pas sans difficulté par rapport aux Somasques. Aussi, la congrégation obtint d'être à nouveau indépendante et la rupture avec les Somasques consacrée en 1647.

Le développement de la congrégation connut un nouvel essort avec la suppression des Jésuites en 1762, l'autorisation royale d'enseigner et les privilèges qui lui furent accordés pour plus d'indépendance, notamment vis-à-vis des curés.

La congrégation eut bien sûr à subir les outrages de la Révolution française, par la confisquation des biens, la fermeture des maisons et la persécution des prêtres. En 1926 les RR.PP. Claude Bochot et Eustache Felix, martyrisé en septembre 1792, étaient béatifiés. Après la Révolution Française le supérieur général tenta en vain de rétablir la congrégation en France.

Au cours du XIXe siècle, il y eut à Cavaillon une tentative locale de reconstituer la congrégation de la Doctrine Chrétienne, qui n'eut pas de suite.

Depuis le milieu du Xxe siècle, les Doctrinaires sont revenus officiellement dans les diocèse, prenant soin des paroisses de Cheval-Blanc, Cavaillon, Robion, les Taillades, Les Vignères et continuant à faire vivre aujourd'hui le charisme de leur fondateur.

 

Poser un geste, méditer, prier, offrir

Saint César de Bus a invité ses contemporains ainsi que ses pairs à l'eucharistie et la confession. Où en sommes-nous ? Allons-nous régulièrement à la messe ? Nous confessons-nous de temps en temps pour demander à Dieu sa miséricorde ?

Pour aller plus loin, nous vous invitons aussi à prier un chemin de croix avec le Saint de Cavaillon en suivant le lien :

https://www.robion.paroisse84.fr/sites/robion.paroisse84.fr/IMG/pdf/chemin_de_croix_2017-debus.pdf

Prière de la communauté

Acte d'amour du Curé d'Ars

Je vous aime, ô mon Dieu, Et mon seul désir est de vous aimer Jusqu’au dernier soupir de ma vie. Je vous aime, ô Dieu infiniment aimable, et j’aime mieux mourir en vous aimant que de vivre un seul instant sans vous aimer. Je vous aime, ô mon Dieu, et je ne désire le ciel que pour avoir le bonheur de vous aimer parfaitement. Je vous aime, ô mon dieu, Et je n’appréhende l’enfer que parce qu’on y aura jamais La douce consolation de vous aimer. Ô mon Dieu, Si ma langue ne peut dire à tout moment que je vous aime, Du moins, je veux que mon cœur Vous le répète autant de fois que je respire. Ah ! Faîtes-moi la grâce de souffrir en vous aimant, De vous aimer en souffrant, Et d’expirer un jour en vous aimant en sentant que je vous aime. Et plus j’approche de ma fin, Plus je vous conjure d’accroître mon amour et de le perfectionner. Ainsi soit-il.

Merci ! 59 personnes ont prié

2 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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La vieillesse, temps de vie, temps de Dieu

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